Deuxième partie
6
Le château de granit.
Le château.
6h 02
Verti ouvrit les yeux dans l’obscurité la plus totale. Combien de temps avait-il dormit ? Sans fenêtre, impossible de le savoir, mais il avait l’impression que peu d’heures avaient passé.
Quelque chose l’avait réveillé.
Il se redressa.
Nalicia était assise sur le lit, la tête tournée. Thobrak lui faisait face.
- Vous avez senti… ? demanda-t-il.
La chambre trembla violemment. Un boum !lointain les ébranla, résonnant dans leur ventre.
Sstevee et Hai’zan sursautèrent, enfin réveillés par le bruit de l’explosion.
Verti rejeta les couvertures.
- Oh oh !
Ils allumèrent une ou deux chandelles puis le chaman montra la pile de vêtements fournit par leurs hôtes. Ils s’habillèrent rapidement. : Bottes en cuir, pantalon et haut en peau de Kodo.
Noirs, évidemment.
Ils attendirent sans que rien ne survienne pendant un moment qui leur parut très long…Une vingtaine de minutes peut être, à tendre l’oreille.
- Que s’est-il passé, selon vous ? murmura Haï’zan
Des cris retentirent dehors.
- Je n’en sais rien lui répondit le chaman, mais je crois qu’on ne va pas tarder à le savoir.
Des bruits de pas dans le couloir.
- Ils viennent par ici.
Comme pour confirmer ses dires, les pas s’arrêtèrent devant leur porte. Un frottement métallique signala qu’on enlevait la barre qui coinçait le battant.
Ce dernier s’ouvrit. Une demi-douzaine d’elfes et d’humains se ruèrent dans la pièce, fusils braqués, arc bandés. Un septième les suivit. Il ressemblait beaucoup à Karl l’assassin. C’était un géant lui aussi, au cou massif, les cheveux en brosse, argentés ou gris très clair. Il portait une armure de cuir et un pantalon en cuir noir enfoncé dans des bottes de même couleur.
Son visage paraissait aussi pâle que celui de Karl, à cette différence près que tout le côté gauche semblait inerte et flasque, comme atteint de paralysie.
- Suivez-moi !aboya-t-il.
Il leur ordonna de sortir et quitta la pièce, comme si toute idée de désobéissance n’était pas envisageable. Cela dit, les fusils et arcs braqués sur eux avaient de quoi renforcer cette présomption.
Ils s’exécutèrent donc, et abandonnèrent leur chambre sous bonne escorte. Le couloir était étroit, taillé dans la roche, juste assez large pour laisser passer deux personnes côte à côte.
Les seules lumières provenaient des torches disséminés tout au long du chemin, projetant des ombres mouvantes à chaque passage du groupe. Il faisait nettement plus froid ici que dans leur chambre, mais la température était loin d’être glaciale.
Ils ne marchèrent pas longtemps. Son sens de l’orientation aidant, Thobrak estima qu’on les conduisait vers la façade du château. Il ne se trompait pas. Il ne tarda pas à entendre le vent siffler. Dehors, la tempête avait du reprendre.
Le géant frappa à une porte massive en bois sculpté. Une réponse étouffée l’encouragea à l’ouvrir. Une lumière généreuse se déversait dans le couloir, accompagnée par un souffle d’air chaud.
Il poussa le battant et se posta à l’entrée de la pièce.
Verti précéda le groupe dans ce qui ressemblait à un bureau muni d’une impressionnante bibliothèque. Celle-ci occupait deux étages, les quatre murs étant couverts de livres et de grimoires. Le niveau supérieur était occupé par une galerie de fer à laquelle une unique échelle donnait accès.
Un feu brulait dans une immense cheminée de pierre surmontée d’un tableau représentant un homme en armure complète.
- Mon grand-père, annonça Anna, remarquant le regard de Verti.
Elle se leva, contournant une énorme table de travail. Elle portait elle aussi une armure de cuir noir. Apparemment, c’était la mode au château.
- C’est lui qui a repris la direction du château.
Elle leur fit signe de s’installer sur des chaises à haut dossier, placées en demi-cercle devant la cheminée. Verti remarqua les cernes sous ses yeux, comme si elle n’avait pas dormi de la nuit.
- Asseyez-vous je vous en prie.
Sstevee croisa son regard. Malgré les signes d’épuisement, celui-ci restait brillant et aiguisé. Sstevee ne put s’empêcher de penser à un prédateur rusé et calculateur. Quelqu’un qu’il fallait garder à l’œil. De son côté, elle semblait évaluer le groupe avec le même soin, cherchant sûrement à déterminer de quoi ils étaient capable.
Que se passait-il ?Les cinq compagnons s’assirent côte à côte, Anna face à eux.
Le géant resta près de la porte fermée, les bras croisés.
Thobrak savait que les guerriers attendaient toujours dehors. Il tenta de chercher une autre issu dans la pièce. La seule ouverture était une fenêtre taillée dans la pierre, tellement couverte de givre que la lumière extérieure ne filtrait pas dans le bureau. Par ailleurs, des barreaux striaient la vitre.
Pas question de fuir par la.
Verti porta son attention vers Anna, notant sa ressemble avec l’homme sur le portrait.
- Vous dites que votre grand-père a
repris la direction du château, commença-t-il. Qui le dirigeait avant lui ?
Anna se laissa aller contre le dossier de sa chaise, visiblement soulagée de rester un moment au coin du feu. Mais elle ne perdait rien de sa concentration : sont regard effleura brièvement Nalicia avant de revenir vers Verti.
- Le château de granit a une longue et douloureuse histoire. Connaissez-vous le Commandeur Général Tristan Lamevent ?
- Le Commandeur Général qui était à la tête de Thelsamar quand la ville est tombée aux mains de la Horde il y a près de soixante ans maintenant ? intervint Sstevee dont les connaissances historiques n’étaient plus à prouver.
- Lui-même. Un homme brillant. Un visionnaire, bien en avance sur son temps
- J’ai surtout entendu dire qu’il ne faisait pas l’unanimité au sein de l’alliance, loin de la, continua le démoniste. Certains le considéraient comme un fou, capable des pires horreurs. Certaines rumeurs cour à son sujet. Elles ne sont pas très flatteuses.
- Les rumeurs n’engagent que ceux qui les propagent et les croient. Et n’oubliez pas que la guerre faisait rage. Vos compagnons de La Horde se sont-ils conduit de meilleures manières ?
- Il n’en reste pas moins qu’il n’a pas su défendre Thelsamar, et que la ville est tombée bien rapidement.
- Et cela ne vous semble pas étrange maitre démoniste ?
- Que voulez-vous dire ? continua le démoniste. La ville est tombée aux mains de La Horde parce que cette dernière avait planifié son attaque de longue date. L’Alliance à été prise de court. Avant qu’ils ne puissent organiser une contre-attaque, la ville était déjà aux mains des combattants ennemis.
Anna s’était levée, et commençait à faire les cents pas devant l’âtre de la cheminée. Un petit sourire c’était dessiné sur ses lèvres. Elle semblait prendre cette conversation sur le ton de l’amusement. Un lourd silence s’était abattu sur le groupe. Finalement, elle se rassit et fixa son regard dans celui de Sstevee.
- Oui, ça c’est la version officielle, celle que l’on aime à raconter au coin du feu. Celle que relate les livres et grimoires. La vérité est bien différente. Ne trouvez-vous pas étrange qu’Ironforge qui se situe à quelques encablures de Thelsamar n’est pas esquissé le moindre geste pour venir en aide à la ville assiégé. Ne trouvez vous pas bizarre que les combattants de La Horde aient réussit à franchir une grande partie des terres contrôlé par l’Alliance sans être inquiété une seule fois par l’armée ennemie, et que personne n’ait était en mesure de prévenir le Commandeur Général Tristan Lamevent qu’une armée Orc était en marche sur sa ville ? La vérité, c’est que cette attaque planifié de longue date maître démoniste, l’a été avec toute l’aide et la collaboration des responsables des forces d’Ironforge et de Stormwind. La vérité c’est que l’Alliance elle-même a aider La Horde à capturer la ville.
Bassin de Sholazaar.
7h 30A quelques kilomètres de la, un chasseur se réveilla.
Le monde émergea des ténèbres dans un déchainement de couleurs et de douleur. Ses yeux se refermèrent quand quelque chose frôla son visage, des ailes d’oiseau. Une incantation emplit ses oreilles.
- Il se réveille, dit quelqu’un
- Dytrol….
Cette fois, c’était une voix féminine.
Il fallut un moment à Dytrol, au bord de l’inconscience pour etablir le rapport entre ce nom et lui-même. C’était pénible. Un grognement retentit. Sortant de sa propre bouche.
- Aidez-le à s’asseoir, ordonna la voix féminine. Plus il l’entendait, plus elle lui paraissait familière.
Dytrol sentit qu’on le soulevait avec précaution, l’installant contre des coussins. Lentement, il recouvrit la vue.
La chambre, dans une cabane en bois était sombre, mais de pénibles éclairs lumineux transperçaient les bords d’un tapis protégeant l’entrée. D’étrange senteur imbibait l’air. On plaça quelque chose sous son nez. Une odeur démoniaque lui frappa les narines. Il s’en écarta brusquement.
De l’autre coté du lit, un chaman, torse nu, coiffé d’une couronne de plume, lui tenait l’épaule, le forçant à ne pas bouger. C’était lui qui avait prononcé l’incantation en passant une aile de vautour desséchée sur son visage pour éloigner les esprits qui se nourrissent des morts.
- Ou… Qu’est-ce… ? coassa Dytrol.
- De l’eau, ordonna la voix.
Et soudain, il se souvint.
De tout.
La découverte du corps du rhinocéros déchiqueté, l’attaque d’Ukufa, le meurtre de Kania la druide, sa blessure à la cheville et sa fuite éperdue dans les marécages pour échapper aux mâchoires du monstre.
Il se souvint également d’avoir errer toute la nuit comme une âme en peine, la peur au ventre. Le chasseur était devenu proie.
Puis plus rien, le néant. La pénombre l’avait emportée dans ses doutes.
Penché au dessus de lui, il reconnu le visage soucieux de Paula Noirsabot, la chaman tauren qui l’avait employé pour assurer la protection de Kania.
Kania….
- Je suis désolé, marmonna honteux le chasseur. Je suis désolé…
- Ne vous en faites pas lui répondit-elle. Kania connaissait les risques qu’elle prenait. Je sais que vous avez fait tous ce qui était en vôtre pouvoir pour la protéger. Vous n’êtes en rien responsable de sa mort.
Dytrol ne trouvait pas de mots susceptibles de soulager la douleur qui creusait le visage de la tauren. Il n’avait que sa sympathie à lui offrir.
- Que…que c’est-il passé demanda le chasseur.
- Nous vous avons retrouvé au milieu des bassins, à moitié inconscient. La fièvre vous faisait délirée. Votre cheville formait un angle inquiétant. A un moment, nous avons bien cru vous perdre définitivement. Heureusement nous avons utilisés tous notre savoir pour vous ramener du royaume des morts.
Dytrol regarda la chaman.
- Merci.
- Vous croyez être capable de marcher ? s’enquit Paula
Aidé par le second chaman, Dytrol se leva, gardant la couverture trempée autour de la taille. On l’aida à faire quelques pas jusqu’à la porte. En posant le pied sur le sol, il se sentit faible comme un bébé, mais il recouvra rapidement quelques forces.
On écarta le tapis obturant la porte.
La lumière du jour inonda la pièce, aveuglante et brulante.
Le milieu d’après-midi, se dit-il. Le soleil était à l’ouest.
Se protégeant les yeux, il sortit. Son regard s’arrêta sur la grande crête qui s’élevait au dessus de la ligne d’horizon. Suivant son regard, Paula ferma les yeux et pris une grande respiration.
- Il se passe des choses étranges là-bas dit-elle. Il va falloir que vous repreniez des forces rapidement. La Lame d’Ebène est en route. Le Cercle Cénariens l’accompagnera. Il est temps de percer les mystères de ces montagnes. Et nous allons avoir besoin de vous.
Jeu 15 Avr 2010 - 19:02
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