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Quelque chose de pourri
Stormwind
Royaume de l’Est
18h12
Agacé, Oscar Vivaiguille faisait craquer ses doigts.
La vente n’avait toujours pas commencé. Selon les dernières rumeurs, elle avait été repoussée de quelques heures, en raison du retard de certains clients.
Tandis que le soleil se couchait, il était installé sur un banc, juste en face de la salle des ventes. Plus tôt, il était passé en vitesse à son auberge précédente près du canal pour y récupérer son matériel et régler sa note. Sous un autre nom, il avait prit une chambre dans un nouvel établissement situé à quelques encablures de l’hôtel des enchères.
Et la, assit sur son banc, il avait une vision globale du nombre d’acheteurs potentiels qui commençaient à s’agglutiner devant les portes d’entrée.
Une grosse calèche noire s’arrêta devant la salle des ventes. Deux personnes en descendirent. Elles étaient grandes et élancées, parées de costumes noirs. L’homme portait un nœud papillon bleu et la femme un chemisier de soie dans les mêmes tons. Tous deux étaient jeunes, vingt cinq ans tout au plus. Mais on aurait pu les croire bien plus âgés. Peut-être à cause de leur chevelure blanche, coiffée quasiment à l’identique : courte, collé au crâne. A vrai dire, leur froide élégance paraissait sans âge. Ils ne souriaient pas, pourtant une lueur d’ironie brillait dans leurs regards.
Comme par magie, les deux portes de l’hôtel de vente s’ouvrir à leur arrivé.
Apparemment ces deux la étaient les derniers clients attendus.
Lentement, passant devant tous les autres acheteurs, il montèrent les marches de la salle des ventes, ou deux portiers leur tenaient la porte avec référence.
Le couple hocha la tête en signe de remerciement, sans chaleur, se contentant de montrer qu’ils avaient remarqué leurs gestes. Ils disparurent à l’intérieur.
Le restes des clients entrèrent à leurs tours.
Oscar regardait la scène d’un œil curieux.
Qui était ce couple et à quoi rimait tout ce manège ?
Un concert de juron le ramena à la réalité. Il tourna la tête.
A quelques mètres de lui, une silhouette traversait la rue à toute allure sans se préoccuper de la circulation. Une femme vêtue d’une robe longue et d’une veste de soie, les cheveux ramassé dans un lourd chignon. Oscar faillit ne pas la reconnaître. Jusqu’à ce qu’elle adresse un signe désobligeant à un cavalier exaspéré.
Fiona.Que fabriquait-elle ici, bon sang ?
La jeune femme fonçait vers la salle des ventes et si engouffra. Dans sa course précipitée, elle n’avait même pas vu le commandant assis sur son banc.
Ce dernier était inquiet. Avec Fiona dans les parages, les ennuis n’allaient pas tarder à débarquer.
Les Pics Foudroyés
1h15
- Il n’y a rien à faire, lâcha Thobrak. Restons là
Les lumières continuaient à luire et à disparaître, balayant la cascade glacée de reflet changeant. Quand elles disparaissaient, la grotte semblait encore plus sombre et froide. Les tueurs les cherchaient, mais pour le moment, ils ne les avaient pas encore trouvés. Ce n’était qu’une question de temps pensait Verti.
Il se tourna vers le druide tandis que les lumières scintillaient de nouveau.
- Nous ne pouvons pas reste ici, lança le chaman. Il faut partir. Maintenant que la tempête est terminée, nous pouvons…
Une rafale de coup de feu retentit, brisant le silence.
Thobrak et Verti s’observèrent. Derrière eux, le bruit des détonations avait réveillé leurs compagnons.
Les tirs semblaient très proche.
Comme pour le confirmer, plusieurs balles vinrent s’écraser sur la cascade gelée. Ils battirent en retraite vers le fond de la petite grotte ou le reste du groupe, semblant comprendre la situation, s’activait pour s’habiller et réunir leurs affaires.
Leur caverne ne comportait pas d’autre issue.
Ils étaient coincés la, pris au piège.
Les lumières ne disparaissaient plus comme avant.
Le mur d’eau gelé restait illuminé en permanence. La lumière était figée…sur leur cachette.
Une voix tonna.
- Nous savons que vous vous cachez là.
Il s’agissait d’une voix féminine.
- Sortez, les mains en l’air et pas d’entourloupe ou nous ouvrons le feu !
Ils n’avaient pas d’autre choix que d’obéir. Comme l’avait dit Nalicia, les assassins ne se feraient pas surprendre une seconde fois, et l'exiguïté de la grotte ne leurs permettraient pas de mener un combat équitable. Les armes à feux les transperceraient avant même qu’ils ne puissent réagir. La bataille était perdue d’avance.
Thobrak passa le premier la tête à l’extérieur, suivit immédiatement par ses compagnons. Comme souvent en montagne, le blizzard s’était calmé aussi soudainement qu’il était apparu. Des étoiles brillaient dans le ciel noir. Elles s’étalaient au-dessus de la vallée blottie sous la neige et la glace, couvert ici et là de nuages de brouillard givrant.
Beaucoup plus prés, une énorme lanterne, montée sur un traîneau trouait la nuit, son rayon braqué sur la cascade gelée. Celui qui tenait ce projecteur, un gobelin hirsute, devait sans doute en être l’inventeur. Son sourire édenté en disait long sur le sentiment de fierté qui l’animait.
Tout autour de lui, de nombreux traîneaux étaient regroupés. Les chiens qui les tiraient ne semblaient pas souffrir du froid auquel ils étaient soumis. Ils semblaient même à l’aise dans ces conditions extrêmes.
Ce moyen de transport ingénieux expliquait la rapidité et la facilité avec laquelle les assassins les avaient retrouvés. Thobrak en compta une dizaine.
Tout autour de la grotte, placé en éventail, des silhouettes vêtus de parka de fourrure en peau de Kodo les braquaient avec une arme à distance. Qui une arbalète, qui une espingole ou un fusil.
N’ayant pas le choix, Thobrak leva les mains. Dans la foulée, ses compagnons limitèrent.
L’homme le plus proche, une espèce de montagne humaine, s’approcha, fusil prêt à tirer.
Verti envisagea de désarmer l’arrivant.
Mauvaise idée.
Il vit ses yeux.
L’un, bleu. L’autre, blanc.
L’assassin du monastère.
Il se souvenait de sa force. Non, il n’arriverait jamais à lui arracher son arme. Sans compter qu’il n’était pas seul.
Derrière l’homme, une nouvelle silhouette apparut. Une femme. Sans doute celle qui leur avait ordonné de se rendre. Elle tendit la main et, du bout du doigt, poussa le fusil du tueur vers le sol. Aucun homme, aussi fort soit-il, n’aurait pu obtenir ce résultat.
Comme elle s’avançait, Verti l’étudia dans la lumière du projecteur. Elle devait approcher de la quarantaine. Cheveux sombre, coupés au carré, yeux verts. Elle semblait svelte sous ses lourds vêtements mais elle se déplaçait avec aisance et grâce.
- Permettez-moi de me présenter. Anna Tourneville, déclara-t-elle en tendant la main vers le chaman.
Verti contempla son gant. S’il la tirait à lui, il pourrait se servir d’elle comme d’un bouclier.
Croisant le regard de l’assassin derrière elle, il jugea préférable de ne rien tenter. Il serra la main de la femme. Dans la mesure ou ils ne les avaient pas encore abattus, Verti pouvait au moins faire preuve de politesse. Autant jouer le jeu, tant que cela les maintenait en vie.
- Verti, grand maître de la guide « Le Conclave des ombres » et mes compagnons, Thobrak le druide, Nalicia la voleuse, Sstevee le demoniste et Hai’zan, mage de son état.
- Enchanté leur dit-elle, tout en serrant la main à chacun d’entre eux. Votre guilde jouit d’une très grande notoriété. Vous pouvez en être fier.
- Dans ce cas vous savez aussi quelles ressources certains de nos membres sont prêts à déployer pour nous retrouver.
- Naturellement, répliqua-t-elle. Mais à votre place, je ne compterais pas trop sur leurs réussites. En attendant, ne m’en veuillez pas, mais certaines mesures de protections sont indispensables afin que nos relations puissent rester en bon terme.
Elle claqua des doigts, et plusieurs homme entourèrent le groupe afin de le désarmer rapidement. Une fois l’opération terminée, elle reprit.
- Voilà, c’est mieux comme ça, pour votre sécurité, et la notre bien évidemment. Un sourire moqueur était apparut sur ses lèvres. Je dois vous demander, ainsi qu’à vos compagnons de m’accompagner. Nous partons en voyage.
D’autres gardes la rejoignirent. Sous la menace de leurs armes, Verti et ses compagnons furent conduit jusqu’aux traîneaux.
Anna tourneville les rejoignit tandis qu’on les ligotait. Puis on leur glissa un sac de toile opaque sur la tête. Ainsi ils ne pourraient pas reconnaître le chemin, ni deviner ou on les emmenait.
- Avant que nous partions, je tiens à vous parler avec franchise dit la femme.. Nous ne pourrons pas vous libérer. Je pense que vous le comprenez. Je ne vous donnerai pas ce faux espoir. Mais je vous promets une fin paisible et sans douleur.